Qui suis-je ?
Mon père est guyanais, ma mère martiniquaise, mais j’ai grandi à Créteil, en Île-de-France, avec pour seule fenêtre sur la culture antillaise l’intimité de ma cellule familiale. Cette culture, je la connaissais sans vraiment l’habiter. Elle m’était familière sans m’être tout à fait proche. La généalogie est venue combler cette distance : non pas pour m’expliquer, mais pour me relier.
Écoutant parler ma grand-mère de son enfance, je n’ai cessé de m’interroger sur son visage, ses traits, ses origines. C’est en me questionnant sur le patronyme de sa mère que mon aventure généalogique a débuté. J’y ai découvert une histoire riche de complexité, m’apercevant en parallele qu’elle m’appartenait tout autant.
Ce cheminement a fait naître en moi un désir de transmission. En prenant le temps de remonter le fil de mon histoire, j’ai mesuré combien ces découvertes pouvaient enrichir la perception que j’avais de ma famille et de ma place dans une continuité. Peu à peu, j’ai compris que ces interrogations n’étaient pas isolées. Que d’autres, notamment parmi les descendants de la diaspora afro-caribéenne, partageaient ce besoin diffus de compréhension. J’ai alors eu envie de rendre ce type de recherche plus accessible, pour que celles et ceux qui le souhaitent puissent, à leur manière, retrouver l’histoire dont ils sont les héritiers.
De mon parcours éclectique se dessine en réalité un fil rouge, tissé de sociologie, de psychologie et de médiation culturelle. Autant de disciplines qui répondent à une même quête : comprendre les liens, les transmissions, les silences. C’est cette attirance pour les grandes questions anthropologiques et sociétales qui m’a conduite à creuser davantage, à faire de la recherche généalogique un outil de reconnexion. Car transmettre, enquêter, ce n’est pas seulement satisfaire une curiosité intellectuelle, c’est redonner corps à des filiations effacées, replacer chaque histoire individuelle dans le mouvement plus vaste de l’Histoire. Si j’œuvre aujourd’hui à cette reconstitution, c’est dans l’espoir de rendre à chacun les clés de son propre récit.
Le projet Ankraj est né de là : un besoin de recréer un lien entre les générations, mais aussi de réhabiliter la richesse de nos métissages culturels. Dans un monde qui bouscule les repères, comprendre d’où l’on vient devient un moyen de mieux se situer — dans son histoire, et dans celle que l’on choisit d’écrire.